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Santé

Face aux radiations cosmiques, les mâles ne font pas le poids

Des souris femelles se sont révélées insensibles aux radiations cosmiques qui parcourent l'espace profond quand leurs congénères mâles, eux, voyaient leur cerveau durement affecté. Une découverte surprenante et peut-être déterminante pour la conquête spatiale.

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Face aux radiations cosmiques qui parcourent l'espace profond, les souris femelles semblent étonnamment mieux protégées que leurs congénères mâles.

Face aux radiations cosmiques qui parcourent l'espace profond, les souris femelles semblent étonnamment mieux protégées que leurs congénères mâles.

Nasa/Victor Tangermann

"Je suis une femme, regarde moi m'envoler"... C'est le titre initial que les chercheurs avaient choisi pour soumettre leur étude à publication. Il n'a pas été retenu par la revue Brain, Behavior and Immunity dans laquelle leurs travaux sont parus le 11 août 2018. Mais le résultat est le même : les souris femelles exposées à des équivalents de radiations cosmiques qui parcourent l'espace profond sont apparues protégées des effets néfastes de ces rayonnements. Au contraire des souris mâles qui, elles, ont vu leur cerveau et leur comportement très fortement altérés par cette simulation de voyage spatial. Financées par la Nasa, les expériences conduites par des neuroscientifiques de l'université de Californie à San Francisco (UCSF) visaient à mieux appréhender les effets sur la santé dans l'optique de longs voyages spatiaux. Comme, par exemple, celui que l'agence spatiale américaine prévoit de lancer en 2030 afin d'envoyer un humain poser le pied sur la planète Mars.

Des souris femelles "protégées" des rayons cosmiques

Rappelons que les astronautes de la Station spatiale internationale (ISS) ne sont pas exposés à ces rayonnements de haute intensité. L'orbite de l'ISS évolue en effet entre 350 et 400 kilomètres d'altitude, la station étant ainsi protégée par la magnétosphère terrestre. Les derniers explorateurs à être sortis de cette zone faisaient partie du programme américain d'exploration lunaire Apollo, qui a pris fin en 1972. Ainsi, pour étudier l'effet des radiations auxquelles seraient soumis des astronautes partant pour des horizons plus lointains, les scientifiques utilisent le laboratoire des radiations spatiales de la Nasa implanté au Brookhaven National Laboratory, à New York. C'est là que les chercheurs ont soumis leurs souris à des "cocktails de rayonnements cosmiques", une combinaison de particules simulant les conditions spatiales. Deux autres études publiées en 2015 et 2016 avaient déjà eu recours à ce laboratoire pour observer les conséquences de ces radiations sur des souris... mais les scientifiques avaient uniquement utilisé des souris mâles ! "Considérant que 40% des astronautes récemment envoyés dans l'espace étaient des femmes, nous avons voulu savoir s'il y avait des différences entre les sexes dans la réponse à cette exposition à l'environnement spatial, explique ainsi le Dr Susanna Rosi qui a dirigé l'étude. Et nous avons été un peu surpris !" Et pour cause, à rayonnement égal, les souris femelles se sont avérées être comme "protégées" des défaillances cognitives dont souffraient les mâles après l'exposition. Ces derniers interagissaient moins avec leurs congénères, avaient des difficultés à reconnaître d'autres souris et objets pourtant familiers, rechignaient à s'aventurer dans de nouveaux espaces pourtant bien éclairés. A l'inverse, les femelles irradiées se comportaient comme si elles ne l'avaient jamais été. 

Cette nouvelle étude confirme donc bien les troubles importants déjà observés en 2015 et 2016 chez les souris mâles. L'équipe du Dr Limoli expliquait alors que les radiations provoquaient une inflammation du cerveau perturbant la transmission des signaux nerveux. Un phénomène analysé en détail qui correspondait à une baisse des performances à différents tests d'évaluation de la capacité d'apprentissage et de mémorisation. Rien de tel chez la femelle donc, montrent les chercheurs de l'UCSF. Une différence qui pourraient s'expliquer par les caractéristiques des cellules immunitaires du cerveau et de la moelle épinière, les cellules microgliales. Chez les mâles, celles-ci auraient tendance à se "suractiver", entraînant une inflammation importante. En particulier dans l'hippocampe, une structure clé pour l'apprentissage et la mémorisation. Les auteurs suggèrent que, chez les femelles, cette activité inflammatoire microgliale serait bien moins importante et plutôt tournée vers la promotion d'effets neuroprotecteurs. "En se fondant sur cette preuve récente, nous pensons que les cellules microgliales protègent le cerveau femelle contre des agressions comme les radiations dans l'espace profond. La compréhension de qui rend ces cellules plus résistantes pourrait être la clé pour définir des traitements spécifiques", explique Susanna Rosi dans le communiqué de l'université. Reste que les effets sur la santé des voyages spatiaux ne se limitent pas aux atteintes cérébrales comme on peut le voir dans notre infographie qui liste les différentes réponses physiologiques.

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